LA SITUATION MONDIALE DU DIAMANT | FR

LE BOTSWANA, LA NAMIBIE ET LES AUTRES PRODUCTEURS
Depuis octobre, le secteur a connu une chute des prix suite au coup de frein de l’économie aux Etats-Unis. Ce pays, restant malgré tout le plus grand consommateur de bijoux, a réduit au minimum la demande de diamants taillé sur les différents marchés diamantaires. L’Europe n’étant économiquement pas en meilleure posture, cela n’a fait qu’aggravée cette situation, seule la Chine reste un marché actif.

La situation est donc mauvaise mais pas désespérée, il y a eu effectivement un tassement des prix, mais vu a moyen terme (sur 3 ans), les prix des pierres d’un carat ont donnés encore une plus valu de 10% tandis que les pierres de trois carats sont à plus de 30%. Ce qui fait malgré tout une hausse de 10% par an, ce qui n’est pas mal comparé aux autres produits. Naturellement comparée à la période mai-juin 2008 où la hausse dépassait les 40% pour la pierre d’un carat et frisait les 85% pour les 3 carats, il y a une baisse certaine, une rectification ou disons plus tôt ou un ajustement. 
 
Lors du ralentissement fin 2008, les grands producteurs de diamants bruts ont diminué leurs productions. Certaines mines sont même fermées temporairement, cette situation est désastreuse pour les pays vivants principalement de la production de diamant. 
 
Un des pays les plus touchés est le Botswana qui était un exemple d’évolution. 
Le Botswana a été un exemple d’une réussite économique grâce au diamant. Des millions de dollars ont été investis grâce aux productions diamantaires, dans des écoles, des hôpitaux, des logements sociaux, des barrages etc. 
Au Botswana 30% du PNB et 80 % des devises étrangères proviennent des exportations du diamant. Parmi les pays les plus pauvres de la planète, le Botswana s’est haussé parmi les 3 pays africains les plus riches avec 9 % d’expansion économique par an ce qui le place au premier rang mondial. Les pays étaient il y a quelques années encore traversées par des pistes, aujourd’hui il a un réseau routier de plus de 6000 km. Les écoles garantissent à toute la population un enseignement digne du nom et les services sanitaires peuvent servir d’exemple, le tout grâce au diamant sortant des mines hyper modernes. La firme productrice « Debswana »contrôlant les quatre mines diamantaires principales appartient à 50% aux autorités du Botswana et 50% à la firme Sud Africaine De Beers. La première mine Orapa découverte en 1967 un an après l’indépendance du pays fut aussi un point de départ d’une formidable aventure pour ce pays, l’un des plus pauvre de l’Afrique vient de produire 30 millions de carats, il y a 3 ans. Le Botswana représente actuellement un quart de la production mondiale.  
 
La mine d’Orapa bien qu’étant la plus grande mine au monde n’a selon les géologues plus qu’un quart de siècle à vivre en tant que mine à ciel ouvert. La suite sera moins rentable car on devra continuer l’exploitation à l’aide de galeries souterraines, on prévoit aussi une quantité moindre pour les cinquante années suivantes. Le Botswana espère découvrir entre temps d’autres mines en dehors des 4 actuelles, la dernière étant Damtshaa qui semble prometteuse. Plusieurs sociétés productrices autres que la De Beers ont reçu des licences de prospection. Toutes cherchent dans cette nature aride la pipe Kimberlitique (ancienne cheminée volcanique) contenant du diamant et en assez grande quantité pour être rentable. Le désert du Kalahari est une région fort inhospitalière comme d’ailleurs toutes les régions où l’on exploite le diamant, que ce soit les étendues glaciales de Russie ou du Canada, les jungles sauvages de l’Afrique Centrale ou du Brésil ou d’autres régions désertiques d’Afrique ou de l’Australie. 
 
Par tout le diamant demande des efforts considérable tant financièrement qu’humainement. 
Le gouvernement du Botswana ne participe pas à l’exploitation car « il faut beaucoup d’expérience et de capitaux, en plus c’est parfois un jeu de hasard et le gouvernement n’est pas un spéculateur » selon Nchindo. Le gouvernement offre un cadre juridique clair et net ainsi que des facilités fiscales. Dans la firme Debswana c’est le partenaire De Beers qui est le prospecteur et l’exploitant. La De Beers n’est pas la seule firme au Botswana déjà une 15 de firmes étrangères ont reçu une licence de prospection. Bien que le gouvernement ne joue pas directement un rôle dans la prospection et l’exploitation elle a toujours la possibilité de prendre sa part des ressources dans une nouvelle mine. La loi précise de toute façon que toutes les ressources minérales du sous-sol du Botswana appartient au gouvernement. Les autorités participent seulement lorsque la mine est rentable. 
 
Actuellement le Botswana reçoit 75% du bénéfice de Debswana tandis que De Beers ne reçoit que 25%. La production est triée et évaluée au Botswana par la firme Botswana Diamond Valuing Company (BDVC) en 14000 différentes catégories. Ensuite selon l’accord avec la De Beers, les marchandises sont expédiées à Londres au siège de la De Beers pour triage et retournent en suite au Botswana pour la vente aux tailleries ou aux acheteurs locaux, soit à la De Beers à Londres pour être vendues dans les « vues » mensuelles. Avec l’aide de firmes diamantaires telles que Eurostar, le Botswana s’est lancé dans la taille du diamant. Bien qu’Eurostar ne soit pas la première taillerie, elle sera tout de même un pas important dans l’évolution sociale et politique du pays. 
 
La première pierre de la taillerie a été déposée par le Premier ministre déjà en septembre 2004, elle donne du travail à un millier de Botswanais. La firme garantit de son côté le transfert de technologie et l’installation d’infrastructure de tailleries modernes. La main d’œuvre étant bon marché et le diamant brut à disposition ce sont des atouts non négligeables pour une réussite. La firme Eurostar emploie environ 17.000 personnes dans des tailleries en Inde et en Chine. Les belles pierres de grandes valeurs restent malgré tout pour les tailleries anversoises où la technologie et le savoir sont plus importants que le coût salarial. 
 
La production de diamant taillé du Botswana est principalement des petites pierres, la « petite pierre » fut un des fleuron de la campine anversoise lors des « golden sixties » où le secteur comptait plus de 25.000 tailleurs dans cette spécialité. 
 
Le gouvernement du Botswana pose en surplus une politique fiscale attirante dans la balance (15% sur le bénéfice). Étant le plus grand producteur mondial de diamant, le Botswana espère attirer d’autres investisseurs car il garantit comme atout principal l’approvisionnement de diamant brut de première main. 
 
C’est surtout la stabilité politique du pays qui a permis cette heureuse évolution. Un gouvernement où la corruption est presque inexistante et qui devrait servir d’exemple aux pays voisins. Malgré tout le pays fait face à des difficultés économiques car le secteur diamantaire n’emploie que 3% de la main d’œuvre actuellement.  
 
Le gouvernement ne compte pas survivre de sa production diamantaire voulant investir dans d’autres secteurs comme le tourisme. Un autre projet étant de vouloir créer un centre financier attirant pour les investisseurs, banques, assurances, multinationales grâce à une politique fiscale « douce ». 
 
Malheureusement la crise mondiale frappe aussi le pays. Ainsi la firme Debswanaa décidé, à l’étonnement du secteur, de fermer ou de réduire de manière importante la production ces mines.  
 
La production de 33,8 millions de carats en 2007 fut réduite à 32,6 millions de carats en 2008, soit environ de 3%, ce qui n’est pas dramatique en soit. Ce qui est moins réjouissant sont les prévisions pour 2009. Une baisse de 17% est prévue soit une production de 28,9 millions de carats. Les prévisions début 2008 étaient pourtant pleines d’espoirs, car les prix augmentaient à près de 20%, ce qui était une aubaine pour les finances du pays. 
 
Fermer les mines entraîne non seulement des pertes économiques mais aussi un drame social pour quelques milliers d’ouvriers. La firme Debswana emploie 6.500 personnes soit plus de 2% de la population active. Cette situation entraîne une perte de revenus pour l’état qui doit arrêter son programme d’investissement. 
 
Debswana venait justement d’investir pou 83 millions de dollars dans un centre de tri dans la capitale Gaborone espérant une vente plus de 375 millions de $ en 2008 et une prévision de 550 millions de $ en 2010 pour les tailleries locales.  
 
Le gouvernement avait encouragé l’installation de tailleries en donnant des avantages fiscaux espérant créer ainsi des milliers d’emplois supplémentaires. Des firmes étrangères, e.a. les clients de la D.T.C. (Diamond Trading Company) filiale de la De Beers, ont été invités à invertir dans des infrastructures de tailleries ultra modernes. Déjà plus de 3.000 tailleurs sont actuellement actifs. Cette situation était un exemple pour les autres pays producteurs africains.  
 
La récession va immanquablement avoir des effets négatifs important sur son économie nationale, espérons le à court terme. 
 
Mais cette situation économique temporaire n’est pas le seul souci du pays. Deux mines importante, Orapa et Jwaneng, se situent dans le désert du Kalahari, région désolée recouvrant près des deux tiers du pays. Cette région est aussi un lieu où vie environ entre 20 et 50.000 Bushmen depuis plus de 20.000 ans, étant ainsi une des premières populations d’Afrique. Vivant en étroite symbiose avec la nature, ils sont les derniers représentants d’une civilisation en voie de disparition. On a retrouvé plus de 3.500 des peintures murales, représentations de tableaux de chasses et de la création dans des cavernes datant d’il y a plusieurs siècles, période où la région était une savane riche en gibier et plantation. Suite à « l’invasion » des tributs Bantu et des blancs, ils furent poussés vers le Kalahari, la région du Bechuanaland devient au courant des « golden sixties » le territoire de chasse des Anglais. Mais la découverte des mines de diamants au courant de cette même période repousse à nouveau les Bushmen vers des régions encore plus arides. 
 
Actuellement le gouvernement doit trouver une solution pour cette minorité une fois de plus expulsée de son biotope. Des investissements étaient prévus pour le forage de puits d’eau pour le bétail et pour leur infrastructure. 
 
Lors de sa création, le Botswana comptait environ 500.000 habitants, actuellement la population dépasse les 2.000.000, chiffre qui aurait été bien supérieur si le SIDA n’avait pas freiné cette expansion. C’est d’ailleurs le 3e problème au Botswana que le gouvernement devra résoudre prochainement.  
 
La Namibie ou sud-Ouest africain ancien protectorat Allemand était passé sous tutelle de l’Afrique du Sud avant de devenir indépendante. La société Namdeb qui exploite les riches côtes diamantifères du pays est à 50% propriété d’état et 50% propriété de la De Beers Centenary AG. L’exploitation diamantifère est une source de revenu importante pour la jeune république, 40% proviennent des revenus d’exportation et représente 10% de la production nationale. La firme Namdeb qui possède 6 licences d’exploitations (Orange River, Atlantic 1, Elizabeth Bay, Douglas Bay, Bogenfels et Mining Area 1) est aussi l’employeur le plus important. Les firmes De Beers Marine Namibia (DBMN) principalement pour l’exploitation sous-marine, Nambia Gem et Nambia Diamond Trading Company emploient plus de 3.000 ouvriers. 
 
Déjà fin 2008 il a fallu réduire la production. Mais devant la situation déplorable du marché du brut début 2009, la société décida de fermer les mines pour une période de 3 mois. C’était la meilleure décision que pouvait prendre la firme, d’autres alternatives tel que le travail réduit à 3 jours par semaines ou une réduction des heures journalières étaient financièrement inapplicables. Réduire le prix du brut aurait été une autre option, mais malheureusement les frais d’exploitations sont trop élevés pour se permettre cette solution un peu trop simpliste. Les sites gardent le personnel de maintenance et donne selon l’ancienneté des ouvriers des compensations espérant une reprise pour le deuxième semestre de 2009. 
 
BHP Billton, qui exploite les mines Canadiennes, continu à vendre par le biais de ses « vues » à Anvers environ 20 à 30% des marchandises disponibles, principalement pour connaître la situation du marché. 
 
Cette politique de contrôle de la production est une leçon reçue lors du « siècle de la De Beers » (le XX) où le plus grand producteur (plus de 70% de la production mondiale à cette époque) a su réduire les effets négatifs des différentes crises économiques. Grâce à sa puissance financière, elle a pu, en réduisant l’offre lors de « creux » et en offrant plus de marchandises lors de « surchauffe », donner au diamant une valeur stable.  
 
Il est un fait que cette situation est temporaire, déjà quelques signes de stabilisation se font sentir. Le diamant est un produit rare et recherché depuis l’aube des civilisations et restera une valeur-refuge, la production bien qu’elle soit en hausse, produit malheureusement de moins en moins de pierres de haut de gamme pour la joaillerie.