PLAT, CONCAVE ou CONVEXE, DANS LA TECHNIQUE DE TAILLE | FR

Depuis la découverte de la taille des pierres précieuses, l'évolution technique a été stagnante. La première meule était en silice, plus tard vint la meule de carborundum, de la petite meule de quelques centimètres à la meule de plus de deux mètres de diamètre employée dans les tailleries a eau d'Idar-Oberstein depuis le 18e siècle. Ce n'est que depuis les années '50 que la taille des pierres de couleur devint un passe-temps pour l'amateur de gemmes. Ce nouveau marché donna un essor aux fabricants américains, allemands et japonais. Différents types de machin connue aussi bien pour l’amateur, en petit modèle que pour la taillerie en modèle plus solide, employaient comme principe le disque plat, diamanté ou enduit de poudre abrasive.

Pourtant, selon différentes études d'optique, les résultats de taille sur des disques concaves ou convexes donneraient plus d'éclat, plus de luminosité. Cette technique connue sous le nom de OMF (optically magnified facets) aux E.U. (Lapidary Journal) était pourtant un brevet déjà déposé en Belgique en 1984 et en Italie en '82. Depuis cette technique n’a pas eu le succès escompté.
 
Pourtant l'effet de dispersion est intensifie et selon son inventeur Giovanni Colliva, transforme la gemme en un véritable système «catadioptrique».
 
La transformation de la meule de lapidage classique en meule convexe est assez simple car le bras de taille reste identique. Le disque classique plat actionné par un axe vertical sera remplacé par un axe horizontal et un cylindre de diamètre différent, diamanté ou non. Ainsi les courbes seront différentes, l'on pourra tailler des facettes l'une plus concave que l'autre. Les meules employées pour la taille des cabochons peuvent être même dans certains cas utilisé par le bricoleur comme disque de taille. Les cylindres diamantés sont disponibles en granulations différentes comme pour les disques diamantés classiques par exemple de 600 à 1200 mesh. (0,5 micron = 50.000 mesh, 1 micron =14.000 mesh, 50 microns = 325 mesh).
 
L'on peut attendre à ce que les fabricants d'outils produiront aussi des disques à plus de 15.000 mesh. Si les fabricants ont déjà mis à la disposition des lapidaires, différents cylindres pour la taille concave, il n'en est pas de même pour la taille convexe, car la fabrication en est plus complexe. L'on doit construire des gouttières diamantées de différents calibrages. Il est un fait qu'un nouveau marché reste ouvert pour les fabricants d'outils de lapidage, car la gamme en va jusqu'a l'infini.
 
Pourtant la préforme est conseillée sur disque plat, car il faut enlever le plus de matière a ce stade. Par la suite, l'on passe aux meules cylindriques pour la taille et le polissage.
 
L'avantage du disque plat est aussi la disponibilité d'une large gamme de différentes granulations allant de 60 à 15.000 mesh, alliage de cuivre d'aluminium et de résines. Autre facteur important est le refroidissement. Lors de la préforme l'on doit employer plus de liquide (eau ou liquide de refroidissement comme par exemple a base de pétrole) ce qui est moins aisé avec un cylindre. La gamme de cylindres pour la taille est relativement restreinte actuellement en dehors des cylindres diamantés de 1.200 mesh: on n'a a disposition que des cylindres en phénolique que l'on doit enduire de poudre diamantée de différentes granulations; idem pour le prépolissage. En ce qui concerne le dernier stade de polissage, l'on propose des cylindres en phénolique ou en polycarbonate enduit de poudre diamantée (où le choix peut aller jusqu'a 50.000 mesh) ou des oxydes (cérium, étain, aluminium, etc.). Il est un fait que lors de l'emploi des enduits de polissage l'on utilise moins de quantité de liquides de refroidissement; l'humidification suffit largement.
 
L'on peut 's attendre a des cylindres aussi pour le polissage car Imahashi a depuis bien longtemps mis a la disposition des lapidaires des disques imprégnés de poudres de polissage où l'on ne doit plus rien ajouter que le refroidissement liquide classique. Déjà le fabricant américain Polymetric Instruments a lancé sur le marché des unités de transformation ce qui permet au lapidaire de garder son installation: Grayes, Ultra Tee, Lee, Fac-ette, Raytech et même Imahashi qui travaille a la pince indépendante (comme le tailleur de diamant) différent du système classique des lapidaires employant la colonne-support. L'avantage de cette transformation sur la même base est que la pierre viendra après la préforme sur le disque plat, exactement au même endroit de la facette sur le cylindre de taille.
 
Selon les comparaisons visuelles, l'on peut conclure que les facettes sphériques augmentent la brillance de la pierre. L'on peut ajouter que les facettes concaves conviennent aux gemmes destinées à être vues par des observateurs proches, tandis que les facettes convexes donnent de meilleurs résultats lors d'une observation éloignée. La combinaison de facettes planes, concaves et convexes lors de la taille de la table, de la couronne et du pavillon permet au lapidaire de créer des effets optiques différents.
 
Les surfaces convexes donnent un effet d'agrandissement et concentrent les rayons lumineux donnant des effets de spots lumineux tandis que les surfaces concaves diffusent la lumière donnant plus de brillance, plus de feu. Si l'on prend le cas de la couronne, les facettes concaves donneront des effets lumineux dans toutes les directions, les facettes convexes par contre auront tendance à augmenter les caractéristiques internes de la pierre, par exemple la couleur.
 
Le cas du pavillon est différent car l'apparence concave paraîtra convexe vu du haut de la pierre.
 
L'emploi de facettes concaves donne l'impression d'avoir des pierres avec un indice de réfraction supérieur, ainsi un quartz ressemblera à un béryl, le béryl a un topaze, le topaze au corindon et le corindon au zirconium. Autre effet irrémédiable est l'influence sur la couleur qui est intensifiée par suite du même effet optique. Cette influence sur la couleur centrale de la pierre est plus sensible auprès des gemmes de couleur faible comme par exemple les aigues-marines. Lors de la taille, l'angle critique joue malgré tout un rôle important. Une fois de plus, les facettes concaves vont bouleverser les règles établies. L'on pourra se permettre des rondistes plus épais et tailler plus sur le poids dans les gemmes. Ce dernier argument éveillera certainement l'attention des plus indifférents.
 
L'on voit déjà la multitude de possibilités de «jouer» avec la lumière, avec le poids, avec la taille et la forme. Tout l'art du lapidaire en est bouleversé, l'emploi de facettes concaves, convexes et planes, la combinaison et le placement judicieux de celles-ci, je m'attends à des discussions passionnées!!
 
Le Diamant
 
Jusqu'a présent, personne n'a encore étudié la possibilité de tailler le diamant en facettes concaves ou convexes. Pourquoi pas? Le matériel est à la disposition sur le marché pour la taille des rondistes, la recherche des disques diamantés ou une adaptation de plateau (support de la pince) et de cylindres diamantés seraient possible sans trop d'investissement.
 
Le Centre de Recherche Technologique et Scientifique (WTOCD) de l’HRD élabore d’ailleurs une toute nouvelle technologie de taille basée sur des disques diamantés et refroidies par lubrifiant, qui s’annonce tout simplement révolutionnaire. L'on ne doit pas exclure l'emploi de cylindres en fonte enduit de poudre diamantée, a condition d'avoir un bon liant, car suite a la rotation plus rapide et la force centrifuge exercée, la poudre enduite a l’huile ou au liant habituel aura tendance a s'envoler rapidement.
 
L'avantage de la taille du diamant est d'une part l'emploi d'un seul disque diamanté aussi bien pour la taille que pour le polissage et d’autre part l'absence de système de refroidissement (à voir prochainement). Le moulin de taille deviendrait plus compact, plus maniable. Reste a résoudre tout de même quelques problèmes de «taille» comme par exemple; la vitesse de rotation des cylindres: si les pierres de couleur sont taillées a une vitesse variant entre 100 et 1500 tours/minute, le diamant se taille a des vitesses de plus de 3500 tours. La machine de taille pour le diamant devra être bien plus robuste que celle employée pour la taille des pierres de couleur.
 
Autre handicap est le positionnement de la pince. Si le lapidage des pierres de couleurs n'entraine aucun problème de taille suite a l'emploi de disques diamantés, (le corindon étant le plus dure des pierres de couleurs reste malgré tout 140 fois plus tendre que le diamant).
 
Le diamant par contre exige la possibilité de rotation de la tête de la pince. Les positions en dehors, en dedans, écoulant, etc... sont à la base du principe de la taille du diamant; régulièrement le tailleur change la position. Dans le cas de facettes concaves il sera impossible de changer la position de la pince lors de la taille. Pour cette raison l'on ne pourra utiliser qu'un brut «sain», sans déformations internes (naat).
 
Toujours selon le WTOCD la nouvelle technique de taille du diamant passerait outre cette problématique de structure cristalline, nous attendons avec impatience cette technologie qui révolutionnera la taille du diamant découverte par Louis de Berquem il y a plus de 5 siècles.
 
L'expérience du sciage donne raison à la théorie des facettes concaves. Prenons l'exemple d'un lot de diamant brut de ± 7/8 par carat, scié avec des scies de 6,5 a 7 d’épaisseur: le résultat sera une perte de ± 5 a 5,5 % avec des surfaces planes. Lors du sciage du même lot avec des scies plus minces de 4,5 a 5, la perte sera de ± 4 %, les surfaces seront par contre souvent concaves et convexes. Lors de la taille, le deuxième lot pourra perdre de 7 a 10 % de plus que le premier. Fait plus marquant est que 1er lot contenant des faces de sciage concaves et convexes aura plus d’éclat et de vie que le premier. Pour cette raison un diamantaire qui achète des lots de brut pour les vendre sciés, fera toujours scier avec des scies plus minces, le résultat est double: moins de perte et plus de «vie»!
 
Basé sur les expériences déjà faites sur les pierres de couleurs, la vivacité, le feu déjà légendaire du diamant sera augmenté par cette nouvelle technique.
Une étude approfondie aussi bien théorique que pratique en vaut la peine de toute façon.