Les pierres précieuses, la fin du tunnel ? | FR

La crise a affecté toute l’économie mondiale. Le secteur diamantaire pourtant sensible à la moindre récession en a moins souffert que prévu. Si d’une part l’économie du client le plus important, l’Amérique, c’est effondrée, d’autres part des nouveaux marchés ont prit la relève. Principalement la Chine et l’Inde où la crise a à peine été ressentie, le marché du diamant y est en pleine expansion.

Néanmoins le secteur a connu une période de récession en 2009, la valeur de certains diamants qui avaient connu une forte hausse c’est replié temporairement. Deux facteurs importants ont réussit à limité les dégâts, premièrement les grands producteurs ont réduits l’extraction et deuxièmement les banques ont fait confiance au diamantaires qui avaient des dettes importantes. Rio Tinto à réduit sa production, principalement dans les mines d’Argyle et de Diavik dans le Grand Nord Canadien à 33%, soit 14.026 millions de carats pour l’année 2009. De Beers a réduit ces ventes de 6,89 milliards de $ en 2008 à 3,84 milliards de $ en 2009. Le premier trimestre de 2008 a connu une baisse sensible aussi bien des prix que de la demande, situation qui changea au fil des mois pour se rétablir vers la fin de l’année avec une hausse de la demande de 173% comparé au premier semestre. De Beers a confiance dans l’avenir en annonçant un nouvel investissement de 500 millions de dollars dans la mine de Jwaneng au Botswana qui aurait une période productive jusqu’en 2025. Le projet total est estimé à 3 milliards de dollars à investir au courant des 15 prochaines années. La production est évaluée à 95 millions de carats pour une valeur de 15 milliards de dollars au courant des prochaines années.
 
La De Beers par le biais de la Diamond Trading Company (DTC) a augmenté les prix lors de la dernière vue de février 2010. Une hausse de 7 à 8% qui s’ajoute au 3 à 5% du mois de janvier. La De Beers prévoit de rehausser sa production de 20% au courant de l’année 2010. Les clients de la DTC aussi espère une hausse dans leurs cotas mensuel, car il y a une pénurie en belle marchandises.
 
Depuis 2011 le prix du brut est en hausse continuel. Le taillé suit cette tendance surtout dans les pierres gemmes, le haut de gamme.
 
Un autre point positif est que la dette globale du secteur diamantaire envers les banques spécialisées est descendue de 13 milliards de dollars avant la crise à 8 milliards de dollars actuellement. En 2010 elle était encore à 10 milliards de dollars. Une confiance se rétablit, au Etats Unis ainsi qu’en Russie.
 
La production de la De Beers a connu une hausse importante le premier trimestre de 2010 avec plus de 7 millions de carats, contre 1 million de carats pour la même période en 2009. Selon les prévisions de la De Beers la production de 2011 sera proche de 40 millions de carats.
 
Pour les autres pierres précieuses, principalement les rubis, saphirs et émeraudes le marché a connu période de hausse importante où les prix des gemmes (qualité supérieur) non traitées ont dépassées toute prévisions. Concernant les marchandises « commerciales » le secteur a connu différents aléas, surtout en ce qui concerne différents traitements pour améliorer soit la couleur, soit la pureté. Les rubis et saphirs ont depuis la nuit des temps connu des « améliorations », des enduits colorés ou coating et plus tard des traitements thermiques. Des « geuda » saphir gris, mat et bleuâtre de provenance du Sri Lanka, passaient à la « chauffe » en Thaïlande où la couleur vira en un bleu bien plus agréable. Les émeraudes étaient baignées dans de l’huile de cèdre pour raviver la couleur verte. Les dernières années les déchirures ou glets sont remplies de produits époxy vitreux d’un même indice de réfraction que la pierre précieuse, ce qui les rendent invisible pour le consommateur. Un nouveau traitement est la diffusion à haute température de béryllium qui change la couleur de la pierre.
 
Ajoutons un problème similaire au diamant : l’éthique. Depuis plusieurs mois des voix s’élèvent contre la politique sociale à Madagascar et surtout en Birmanie actuellement Myanmar. Le Cachemire est la source historique des plus beaux sapphirs, provenant des montagnes inhospitalières et seulement accessibles que quelques mois par an près du Pakistan et de la vallée de Mogok en Birmanie. Les plus beaux saphirs de bleu intense à rose vif viennent principalement du Cachemire et les plus beaux rubis de Birmanie, région connue pour ces fameux « sang de pigeons », la plus grande partie des rubis historique proviennent d’ailleurs de cette région. Le Myanmar produit environ 90% du marché des pierres de hautes gammes. Si d’une part le pays offre des gemmes, il produit aussi d’autre part des rubis de moindre qualité dans la région de Mong Hsu. Une grande partie des rubis contenant des déchirures sont traitées déjà à l’état brut, ce qui rend l’achat, même pour un professionnel aléatoire.
 
Selon l’article de la revue Gems and Gemmology de R. Shor et R.Weldon, les rubis de provenance de Myanmar ont été vendus à des prix spectaculaires, le 15 février 2006 un rubis Birman de 8,62 carat est vendu chez Christie’s à Genève pour 3,64 millions de dollars. Bien que la production nationalisée du pays est contrôlée par junte militaire, le gouvernement permet certaines exploitations privées en participation avec l’état dans les régions Mogok et Mong Hsu. Depuis les sanctions de l’Union Européenne, des États Unis de l’ICA (Association des Pierres de Couleurs) à l’encontre du régime de Myanmar, beaucoup de grossistes et de grands joailliers ont cessés d’acheter les pierres provenant de cette région. Depuis une cinquantaine de mine ont du fermer, les exportations en 2007 étaient de 7,2 millions de carats ont chutées à 6,5 millions de carats en 2008. Depuis les ventes aux acheteurs américains et européens ont diminuées de 50%. Une partie de la production est malgré tout exportée de manière illicite vers les pays voisins.
 
Le Sri Lanka mieux connu auprès des négociants comme le Ceylan est une des plus anciennes sources de rubis et de saphirs. La région la plus importante est Ratnapura. Les saphirs de Ceylan sont réputés pour leurs couleurs « bleu – bleuet » un bleu clair et vif, mais le pays produit aussi des saphirs jaune paille et rose intense. Comme nous l’avons vu le pays produit aussi des « geudas » en grande quantité. Si par le passé cette marchandise bon marché étaient achetés par les Thaïlandais pour la chauffe, j’ai eu le plaisir dans les années 1990 de leurs faire importer les techniques de chauffe à plus de 1.500°C grâce à des fours électriques belge. Actuellement les geudas sont chauffés et taillés sur place et le Sri Lanka exporte de belles marchandises d’un bleu intense. Sans oublier les fameux Padpardscha d’une couleur orange. Malheureusement la production de gemmes a diminuée de 472.961 carats en 2006 à 156.486 carats en 2007. Par contre les prix ont augmentés de près de 19%.
 
La Thaïlande où les rubis et saphirs sont connu sous le nom de Siam a été un des plus important producteur au siècle passé. Les rubis sont plus foncés mais de bonne qualité. Depuis l’exploitation industrielle des années 1980 la production a fortement augmentée. Mais le pays est aussi connu pour la taille des pierres de couleurs et du diamant. En 2008 la Thaïlande a exporté pour près de 255 millions de dollars de pierres de couleurs taillées, dont 46,7% de saphirs et 40,62% de rubis. L’exportation du pays a augmenté de 50% en valeur entre 2007 et 2008, malheureusement 2009 a connu une récession et l’exportation à plongé de près d’un tiers.
 
L’Australie a été le plus grand exportateur de saphirs bon marché, de couleur bleu foncé à noir, de la fin du 20e siècle. La production estimée à 13.000 kg en 1995 a chuté à 5.500 kg en 2005. Des restrictions gouvernementales concernant l’environnement ainsi que la récession ont fortement diminués la production.
 
Madagascar ou le paradis des pierres précieuses est un important producteur de saphirs de toutes les couleurs. La plus grande partie est exportée vers la Thaïlande pour la taille. Environ 10.000 mineurs sont actifs sur des petites concessions. La production de saphirs représente selon les sources de statistiques de 25 à 40% et selon d’autres 50% de la production mondiale. Malheureusement une grande partie est exploitée et exportée de manière illicite. Le pays produit aussi du rubis près de la côte orientale découverte en 2000 qui enclencha un rush vers les sites. Un autre site fut découvert vers le centre un peu plus vers le nord qui engendra une ruée de plus de 40.000 mineurs vers la région. Les rubis sont de bonne qualité, nécessitant aucune chauffe. Le gouvernement essaye de contrôler les ruées impulsives vers les sites et parfois même interdit l’exploitation suite à des violences ou des exploitations illicites dans des réserves naturelles.
 
Le Vietnam est un nouveau venu parmi les producteurs de rubis depuis la fin des années 1980. Les régions principales sont Luc Yen, plus au sud Quy Chau et Tan Huong. Les rubis sont petits mais de couleur rouge vif. La plus grande partie de la production est achetée par les Thaïlandais.
 
Le Cambodge et le Laos avec la mine principale de Pailine près de la frontière Thaïlandaise qui suite à l’exploitation par le régime Khmer avait reçu une mauvaise réputation. Une autre mine est Houay Xai. La production est principalement exportée vers la Thaïlande et l’Australie. La Chine produit des saphirs similaire à l’Australien, donc foncé, dans les provinces de Shandong et Fujian, mais le potentiel est important selon une étude gouvernementale. Actuellement la production est surtout pour le marché interne et pour le tourisme.
 
Le Groenland à une production de saphirs et de rubis mais de petites tailles sans grande importance sur le marché mondial. Par contre la Tanzanie produit de beau rubis transparents de haut de gamme, pouvant entrer en compétition avec des Birman. Vu la situation économique mondiale, le secteur des pierres précieuses connaît quelques difficultés sur les marchés occidentaux. Pourtant les prix restent stable et ont plus tôt une tendance vers la hausse surtout dans les belles qualités. Les prévisions sont d’ailleurs dans l’ensemble optimiste.
 
Deux ombres au tableau sont d’une part le Japon, 3e importateur de diamants, pierres précieuses et de bijoux. Espérons que le pays se remettra rapidement des cataclysmes naturels et écologiques. D’autre part l’Afrique du nord qui connaît une révolution sociale. La Tunisie et l’Egypte ainsi que le Maroc sont des importateurs importants de pierres précieuses de qualité moyenne.
 
Ajoutons pour finir, une nouvelle initiative intéressante venue de France et du Sri Lanka. Sous le nom de « FAIR GEMS PROCESS » le secteur des pierres précieuses de couleur, suit dans un certain sens le secteur diamantaire avec son « Kimberley Process ». La différence fondamentale est que le certificat suivra la pierre précieuse (tout comme lors du projet du 5e C) et la pierre sera donc traçable de la mine au consommateur (nous y reviendrons).