LE LAPIS LAZULI, PIERRE DE L’AUBE DE NOTRE HISTOIRE | FR

Cette pierre d’un bleu pouvant être exceptionnel était déjà recherché par les anciens.

Elle faisait partie des trésors des Pharaons (scarabées et cylindres), consacré à la déesse Isis et des Babyloniens plusieurs siècles avant J.C., mais il fut aussi souvent confondu avec le saphir. On le retrouve dans les écrits du philosophe Théophraste et de Pline l’Ancien, qui le décrit comme un fragment du ciel étoilé. Marco Polo, en 1271, visita les mines et en fit une description dans son livre « Il Milione ». Nous retrouvons le lapis dans les églises orthodoxes en Russie. La grande Catherine de Russie fit recouvrir les murs de la grande salle des balles du palais Zarskoje-Selo à saint Petersbourg, de lapis et d’ambre. C’était aussi la pierre préférée du Louis XIV.
 
C’est un minéral d’une couleur bleue variant des tons pâles jusqu’au bleu noir. Le nom serait d’origine Perse « Lazhward » et du latin signifiant « pierre bleue », c’est un agrégat de plusieurs minéraux e.a. la lazurite (son principale composant), l’haüyne, la sodalite, la calcite, et le noséane. On y trouve des traces de pyrites qui lui donnent un sur plus de valeur, car l’effet de traces d’orées sur fond bleu marine est caractéristique au beau lapis-lazuli. Sa composition chimique est un silicate soufré d’aluminium et de sodium ou (Na, Ca) 8 (Al6 Si6 O24) SO2. Le Lapis appartient à la famille des feldspathoïdes ou silicates de soude, de chaux avec un peu de soufre et de chlore. Cette pierre prend un poli remarquable et présente, taillé généralement en plaques minces, des effets très agréables, elle se cristallise dans le système cubique sans pour autant avoir une possibilité de clivage. La cassure est conchoïdale, son poids spécifique est de 2,45 à 2,95, ceci serait due à une présence plus abondante de pyrite. La dureté de 5 à 6 est assez faible comparée aux autres pierres précieuses.
 
Elle renforcerait la volonté, la bonté et protègerait des mauvaises influences. C’est la pierre de l’amitié qui devait aider contre la dépression. Nous retrouvons dans des anciens écrits que le lapis plongé quelques minutes dans de l’eau chaude donnerait une eau idéale pour baigner les yeux, porté autour du cou, il redonnerait confiance au enfants. Dans plusieurs pays, le lapis est la pierre de Venus ou de Marie et renforcerait l’amour.
 
Les couleurs varient du beau bleu foncé à bleu clair, mais aussi bleu pourpre. Certaines qualités sont bleu pâle avec des taches blanches de calcite ou jaunâtre de pyrites métalliques, dans ce cas, les négociants plongent les pièces dans des bains colorants souvent de l’aniline. Il doit alors être vendu sous le nom de « lapis baigné » ou « coloré ».
 
Malgré que la production actuelle soit faible, c’est surtout l’Afghanistan dans la région de Hindu-Kuch, qui est depuis plus de 6000 ans l’un des principaux producteurs. Le bleu foncé vient de Nili, le bleu marine des célèbres mines de Badakshan, le bleu ciel d’Asmanie, le verdâtre de Sabzi. Khorog en Sibérie, la Mongolie et en moindre qualité le Chili, au nord de Santiago, sont aussi producteurs. La Birmanie ou Myanmar où l’on extrait des rubis et saphirs fabuleux produit aussi une belle qualité de Lapis. Mais les E.U., le Colorado (bleu foncé) et la Californie (bleu-vert) sont aussi des producteurs. La Russie possède d’anciens gisements près du lac Baïkal que l’on trouve dans un marbre blanc.
 
Au Moyen Age le lapis fut broyé pour être utilisé comme colorant afin d’obtenir différents tons de couleur bleu d’outremer ou indigo ayant la particularité recherchée et si précieuse de n’être altérée par l’air. Actuellement le lapis est devenu si rare et cher qu’il n’est plus utilisé dans la peinture mais en cabochons, colliers ou bracelets pour la bijouterie ou en glyptique.
 
Le lapis a été tout au long de l’histoire utilisé comme parure, pour recouvrir des murs ou comme colonnes, des tables, mais aussi utilisé dans les mosaïques. Devenant plus rare il fut utilisé dans la glyptique (façonnage de statuettes), coupes, vases, cylindres, des boîtes à bijoux et surtout des camées.
 
Dans le négoce, on subdivise le lapis en 3 catégories :
 

  • L’Afghanistan, d’une couleur bleue profonde avec quelques éclats dorés de pyrite.
  • Le Sibérien, d’une couleur bleue azur avec quelques éclats dorés de pyrite, mais aussi quelques veines de calcite blanches.
  • Le Chilien, d’une couleur bleue pâle à verdâtre avec des veines de calcite.


 
Ceci étant un classement commerciale, car certains lapis d’Afghanistan peuvent avoir aussi bien une qualité « Chilienne ».
 
Pourtant il faut faire attention aux fraudeurs, comme nous l’avons déjà expliqué certains lapis de mauvaise qualité sont « baignés » dans du colorant. Une étude à loupe 10x permet de détecter des taches colorées plus intenses. Un autre système est l’emploi d’un chiffon blanc et doux, si celui-ci devient légèrement bleuâtre le frottant contre la pierre, on est certains que la pierre a été colorée. Pour avoir plus de certitude, on peut utilisé de l’ouate avec un peu d’acétone. Comme toutes les pierres précieuses et d’ornementation, le lapis n’échappe pas à des contres façons. Il existe des lapis synthétiques e.a. de Gilson et des spinelles synthétiques d’aspect granulaire coloré en bleu contenant des traces dorées. On l’imite également avec du verre opaque. Parfois il est confondu avec la sodalite qui lui ressemble fortement mais est bien plus foncé, bleu encre, et contient des nervures noires.
 
La sodalite est un minéral beaucoup moins cher que le lapis, mais aussi employé en bijouterie sous forme de cabochon, boules, colliers, etc., aussi utilisée en glyptique, statuettes, vases, camés. Sa composition chimique est un silicate d’aluminium et de sodium avec du chlore Na8 Cl2 (Al6 Si6 O24), sa dureté est légèrement inférieure (5,5 à 6) avec un bon clivage avec une densité moindre de 2,13 à 2,29. Les principaux gisements sont au Brésil (Bahia), Canada, l’Inde, la Namibie et les E.U.
 
La sodalite taillée en cône ou pyramide sur la tablette de nuit favoriserait un sommeil tranquille en plus elle augmenterait la créativité intellectuelle.
 

 
Eddy Vleeschdrager