Histoire de la Taille du Diamant | FR

La taille actuelle du diamant a été découverte par le brugeois Louis de Berquem, qui s’installa lors du déclin de Bruges à Anvers, mais il est intéressant de suivre les étapes ainsi que l’évolution du façonnage depuis la découverte en Inde du diamant, aux nouvelles techniques des dernières décennies.

Lors des expéditions d'Alexandre le Grand le diamant fut introduit en Europe, principalement en Grèce où il reçut le nom de adamas (l’indomptable). La raison en était que personne ne pouvait le tailler comme les autres pierres précieuses. Plus tard il vint plutôt sporadiquement comme objet curieux et mystérieux et non comme bijou ou parure. On lui donnait des pouvoirs magiques, curatifs et bénéfiques.

Propriété des riches et monarques pour le voile de mystère qui l’entourait, ce qui fut une des raisons pour laquelle on ne voulait pas le façonner, le cliver ou le changer de forme craignant ainsi de lui ôter ses pouvoirs exceptionnels. Pour cette raison on utilisait seulement les pierres à l’état brut. Jusqu'au 14ième siècle ce furent surtout les cristaux limpides et de belle forme sertis dans des bijoux qui furent les plus convoités.

L’étape suivante fut le clivage de morceaux irréguliers. Ce procédé fut malgré tout gardé secret pendant de longues périodes. C'est surtout en se basant sur la technique de la taille des pierres de couleurs que l’on donna un polissage aux formes extérieures du cristal. Les cristaux octaèdres ou dodécaèdres transparents furent polis par limage à l’aide de lattes en bois ou de cuivre enduites de poudre de diamant; procédé déjà utilisé pour le polissage des minéraux, ivoires et pierres décoratives. C’était un procédé de longue haleine seulement imaginable en ces temps reculés. Rares sont les diamants retrouvés dans cet état car la plupart furent par la suite (plusieurs siècles plus tard) taillés. Les pierres furent serties dans les bagues montrant une pyramide telle celle de l’époque Romane comme la bague retrouvée dans l’Escaut il y a quelques décennies, ou encore celle de Charles le Téméraire "les trois frères" et des peintures de cette période montrant les bijoux d’époques.
Au 15ième siècle, on voit apparaître les premières ébauches de taille selon la forme du brut créant ainsi la taille en pointe.

Cette taille rectifie l’inclination naturelle de quelques degrés de l’octaèdre afin de fermer le collet en éliminant les aspérités naturelles comme les trigons et les lignes de structures. Il est parfois difficile de discerner les diamants taillés en pointe de certains octaèdres naturels. On retrouve beaucoup de spécimens de cette taille pendant la période bourguignonne, dans la bijouterie, les parures, les calices etc.
Lorsque Louis de Berquem en 1470 découvrit la technique du disque en fonte enduit de poudre de diamant et du dop en cuivre contenant la pierre (technique de base encore actuellement utilisée) le diamant se transforma en prisme étincelant.
Grâce à cette découverte, le tailleur pouvait se permettre plus de fantaisie selon la pierre brute ou les éclats provenant de clivage. Les pierres taillées en différentes formes inspirées de la taille des pierres de couleurs furent employées dans la bijouterie de la noblesse et de la haute bourgeoisie ainsi que dans les objets religieux. Des éclats plus grands furent taillés en" rosettes" avec des facettes allant de 5 à 9 facettes. Les plus petites furent taillées à 3 faces. On voit ainsi apparaître la taille en "table", en losange, carré, rectangulaire. La taille en table provenait souvent d'un octaèdre dont on avait abaissé une pointe pour en faire une table. Cette table s'agrandit au fil des siècles.
La taille miroir ou à portrait était une double couronne.
Au 17ième siècle, les tailles fantaisies n'ont plus de limites ainsi le Roi Louis XV fit tailler par son joaillier, la forme "marquise » d'après les lèvres de Mme Pompadour.

On taille des pendeloques, des poires, ovales et les roses sont épaisses. C'est aussi une période ou les grands diamants historiques viennent des Indes en Europe pour les tailler ou retailler.
Lors de l’apparition de la technique du sciage du diamant fin 19ième siècle, on pouvait se permettre de récupérer la pointe de l’octaèdre et de tailler ainsi deux diamants d'un seul octaèdre de brut.
Entre les deux guerres mondiales, la taille s'améliore grâce à une étude plus approfondie de la physique et de l’optique. Ainsi Marcel Tolkowsky créa le diamant taille moderne suivi en 1949 par Eppler et ses normes scandinaves. Bien que la nouvelle taille brillant donne un éclat maximal, le diamant taille ancienne garde un certain charme et est irremplaçable dans les bijoux anciens. Certaines « nouvelles » tailles fantaisie se sont d’ailleurs inspirées des tailles anciennes.
Aujourd’hui on crée régulièrement de nouvelles tailles qui souvent existaient déjà dans la taille des pierres de couleur. Une revue d’amateurs lapidaires américains "Lapidary Journal" éditée depuis plus de 75 années, publie chaque mois de nouvelles tailles pour les pierres de couleur créees par des amateurs lapidaires passionnés et cela représente une source inépuisable de tailles fantaisies pour le diamant. Malgré tout la taille brillant a toujours été et restera la taille classique par excellence. Les normes de la taille, les proportions et les finitions sont actuellement d’une précision poussée à l’extrême qui obligent les tailleries à utiliser des ordinateurs pour les mesures des angles de proportions.

La taille automatique.
Déjà au 17ième siècle on a cherché à tailler plusieurs pierres à la fois ce qui fut immortalisé grâce à une gravure d’Anselme Boëtius de Boot en 1644. Il y est décrit un moulin sur lequel on taille 16 pierres à la fois dans un cercle sur une grande meule, et non dans une pince classique mais dans des bâtons verticaux qui lors de la taille peuvent êtres enlevés pour le contrôle de la taille. La fixation était une soudure composée de térébenthine, de la pierre pillée et des résines. Mais ce n’est que vers les années 1970 que le besoin réel se fit sentir d’une taille automatisée. C’était la période où la délocalisation des industries vers les pays à bas salaires devint irréversible. Depuis une multitude d’appareils de taille sont sortis des ateliers de constructions ainsi que du centre de recherche WTOCD de l’HRD, des débruteuses et des pinces automatiques ainsi que des ordinateurs pour l’étude du diamant brut. Les autres centres de taille ont aussi créé des appareils, bien que plusieurs soient restés à l’état de prototype, d’autres font aujourd’hui partie intégrale des tailleries du 21ième siècle. Le rayon laser fit son apparition au courant de la même période. D’abord pour le forage des diamants pour brûler les piqués noir, puis pour le sciage. Les rayons laser ont aussi connu une évolution importante et font actuellement partie intégrante de l’atelier diamantaire non seulement pour le sciage mais aussi pour la préforme et l’ébauche à la taille.

La complexité de la matière et surtout la valeur du diamant ne permet pas une automatisation complète à l’heure actuelle. La taille automatique des pierres de couleurs (améthyste, citrine, grenat, etc) est en pleine utilisation, mais la perte de poids varie de 70 à 80% . Ce qui est impensable à l’état actuel pour le diamant.

Eddy Vleeschdrager

 
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