Diffusion dans les corindons | FR

Depuis quelques années des rubis et des saphirs (corindons) traités par diffusion sont apparus sur le marché. Nous avons vu dans l’article précédent les techniques de chauffes des corindons, depuis le début des années 80 sont apparus les premiers saphirs traités par diffusion. C’était une nouvelle technique et le seul moyen efficace de l’époque était la retaille d’une facette pour découvrir la supercherie.

La base du principe de diffusion reste la chauffe. Nous savons déjà que les améthystes de couleurs moins agréables sont chauffées pour obtenir une couleur jaune orange plus attractive. Les saphirs « geuda » gris sont chauffés pour obtenir des saphirs bleus.

Fin des années 70 des saphirs de couleurs médiocres furent chauffés dans un environnement riche en fer et en titanium. Les températures plus élevées que pour la chauffe classique pour une période plus longue provoquent une fonte partielle de la couche externe  qui absorbe les atomes de fer et de titanium, ceux-ci pénètrent seulement la couche externe de la pierre donnant un « coating » ou une couche bleu uniforme.
Cette technique est utilisée seulement sur des pierres déjà taillées, qui devront êtres retaillées par la suite car la couche extérieure a été abîmée par les hautes températures et a un aspect granuleux.
Dans ce cas, une observation minutieuse, sous lumière diffuse ou sous immersion, des concentrations de couleurs inégales le long des arêtes des facettes et de la rondiste dénoncent le traitement.  Des taches de couleur près de la surface, le long des inclusions telles que les « finger print » (qui ressemblent à des empreints digitales) ou des glets (fractures) sont aussi des indices de traitement. Depuis les années 90 la technique s’est améliorée, e.a. la couleur pénètre plus profondément dans la pierre.

Padparadscha
Le saphir orange aussi connu sous le nom de padparadscha est une pierre rare et recherchée surtout par le public Japonais. Lorsqu’il y a quelques années des quantités anormales (même certifiées par différents laboratoires comme pierre naturelle) apparurent sur le marché nippon les négociants  eurent la puce à l’oreille. Ce n’est que plus tard que l’on a découvert la manipulation à haute température par diffusion au béryllium. Les saphirs sont chauffés à plus de 1.800° C pendant une trentaine d’heures dans une atmosphère oxydante riche en béryllium. Les atomes de béryllium pénètrent plus profondément dans le corindon, ce qui donne une couche plus épaisse qu’avant. Une couleur plus profonde est observée depuis la ceinture vers l’intérieur de la pierre.

Rubis et saphirs
La technique permet d’obtenir à partir de corindons de mauvaise couleur ou incolore des couleurs bien plus agréable telles que le jaune paille ou l’orange. Des rubis pâles se transforment en rubis rouges intenses, en plus des saphirs bleu foncé, bon marché, sont éclaircis et reçoivent ainsi une couleur plus attractive. La diffusion est aussi faite à l’aide du cobalt qui donne une couleur typique que l’on ne trouve pas dans les naturels.

Identification
La couleur est très bien répartie de manière homogène sur l’ensemble de la pierre, des fractures décèlent une concentration de couleur. L’indice de réfraction de rubis traités aurait dans certains cas un indice de réfraction supérieur, le filtre Chelsea permet de détecter les corindons traités au cobalt, il donne une couleur rouge vif. La spectroscopie excepté dans le cas du traitement au cobalt ne donne pas de conclusion irréfutable.

L’observation au microscope donne les meilleurs résultats préliminaires, des zonations de couleurs nuageuses, par contre la présence des chevrons bien dessinés confirme que la pierre n’a pas été traitée. Une couleur uniforme et nuageuse sur toute la pierre est suspecte ainsi que des traces de couleur le long des glets qui touchent la surface. Les inclusions naturels des corindons sont aussi attaqués par la chaleur, elles sont déformées ou contiennent de petites bulles, d’autres se recristallisent, des petites taches typiques sont visible (étude du GIA).

Conclusion
Depuis quelques années des saphirs et rubis traités par diffusions sont en circulation dans le commerce. Il ne faut pas pour autant avoir une réaction de panique mais être simplement attentif lors de l’achat, observer la couleur et les inclusions. Lorsque le rubis ou le saphir a été traité normalement on observe en immersion une coloration externe anormale de la pierre, malheureusement lors d’un traitement en profondeur toute la pierre change de couleur.

Pour toute sécurité si vous achetez un rubis ou un saphir d’une certaine valeur exigez un certificat CCIP, HRD ou IGI.

Pour celui qui désire approfondir le sujet la revue de l’Association Française de Gemmologie (AFG) a sorti dans son numéro 141-142 ainsi que 152 de juin 2005, une étude complète sur le traitement par diffusion.
 
 
Eddy Vleeschdrager
 
 
 
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