1899 | FR

En cette dernière année du XIXe siècle, la situation ne s’améliore pas, bien que qu’une paix sociale avait été signée, la gue-guerre continue entre patrons récalcitrants et les ouvriers syndiquer et toujours sur le même problème épineux des apprentis.

Un contrôle sur l’embauche fut organisé par des contrôleurs du syndicat dans les ateliers de taille, ceux-ci furent souvent reçus sous un flot d’injures. Ce fut surtout les cliveurs qui furent les premiers visés, car ceux-ci reçurent des apprentis fortunés, fils de fabricants pouvant se le permettre, un droit d’apprentissage important. Plusieurs milliers de francs d’époque étaient une rémunération normale, j’ai moi-même encore du payé 350.000 FB (ou 8.750,00 €, index d’inflation 166,96) en 1966 pour apprendre le métier de cliveur.

Parmis l’un des plus « durs » était un certain Friedman. Voulant l’attraper sur le fait, des piquets de grèves furent installés, malheureusement pour eux les « indomptés » pouvaient à chaque fois s’enfuir en bicyclette poursuivie par les syndicalistes eux aussi en bicyclette et en tandem, ce qui provoqua des scènes hilarantes au grand plaisir des citadins. Ne pouvant le convaincre de manière traditionnelle, les dirigeants syndicaux trouvèrent la solution en payant une visite dans les tripots les plus malfamée du port. En ces lieux, ils embauchèrent des malabars à face patibulaires les uns plus effrayants les uns que les autres. Leur mission constituait à tenir la garde devant la maison privé du diamantaire, à chaque sortie du diamantaire ou de son personnel, les pires injures et menaces leur furent lancées, les terrorisants. Cette guerre psychologique fit craquer les nerfs du diamantaire qui signa l’accord.

Malheureusement la guerre des Boers éclate le 12 octobre 1899, la république de Oranje Vrystaat et du Transvaal, espèrent une guerre et surtout une victoire rapide sur les Anglais. Les Anglais convoitent les richesses du Transvaal, Kruger avait comme ambition d’expulser les Anglais de l’Afrique du Sud et de créer la confédération Sud Africaine. Le 30 octobre les Boers remporte la première bataille près de Ladysmith sur les troupes anglaise, car plus motivé et mieux équipé. Winston Churchill écrit dans « The Morning Post » : « Quels hommes sont ces Boeren ! je n’oublierai jamais leurs regards, comment ils roulent en chariots le matin sous la pluie, des milliers de tireurs d’élite, chacun indépendant en possession d’armes magnifiques qu’ils utilisent avec beaucoup de dextérité, chassant comme le vent soutenu d’une constitution de fer et d’un Dieu de l’ancien testament qui chasse les Amalécites dans toutes les directions ».

Cette situation entraîne naturellement une pénurie de diamants bruts et ainsi que le chômage total dans les tailleries. Le tailleur est dans la misère la plus profonde c’est la famine pour lui et sa famille. Certains essayent de trouver du travail comme débardeur, pourtant au port, ils ne sont pas les bienvenus. Un comité de soutien est organisé au Club des Diamantaires avec le syndicat, ils vont visiter les foyers les plus touchés. Bien que la plupart d’entre eux par fierté refusassent une aumône, ils acceptèrent tous les travaux à n’importe quel salaire.

Une lueur d’espoir pour certain était le fabricant de roses Frans Rombouts qui parvint à trouver une nouvelle source d’approvisionnement en Australie (c’était la première fois que des diamants australiens sont venu sur le marché, il est étonnant qu’il a fallu attendre plus soixante ans avant que la production de l’Australie s’épanouisse). Il avait en réserve quelques lots de petits diamants blancs, gris, jaune et brun qui furent donnés à la taille pour un salaire de misère, mais pourtant bienvenu.

Cette situation désespérée fut pour le syndicat une nouvelle source d’inspiration : la création d’une caisse d’allocation de chômage ensemble avec les autres syndicats d’Amsterdam, de Saint Claude, d’Allemagne et Angleterre.

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Pourtant lors des fêtes populaires de nouvel an, la chanson sur les tailleurs est chantée à tous les coins de rue, ci suit la traduction :
« Jeunes filles ne faites pas confiance à un tailleur de diamant,

car c’est fini avec la taille du diamant,
ils doivent maintenant travailler au port,
mais là ils ne peuvent pas travailler,
ce sont des scribouillards,
ce sont ces ‘costaux’ qui,
tombent raide mort sous un sac,
vous pouvez les attraper avec une mie de pain ».
Cette risée et ce manque de solidarité, fut pour le syndicat des ouvriers diamantaires une période pénible et surtout incompréhensible.

La situation en Afrique du Sud où la guerre fait rage n’est pas meilleure, le 29 janvier, l’armée Anglaise sous le commandement de Sir Charles Warren est défaite sur les collines de Spionkop par l’armée des Boers. Les Anglais terrés dans leurs tranchés sont délogés à coups de canon et doivent se rendre en perdant 1.500 hommes, 150 sont faits prisonnier.
Ceci entraîna une fois de plus une pénurie d’approvisionnement en brut d’Afrique du Sud et continua à paralyser le secteur en ce début du XXe siècle.

Au printemps 1900 un vent nouveau souffle sur la communauté diamantaire durement touché, de nouvelles mines sont découvertes et le patronat change de politique. Le secteur devient à partir de cette période, lentement mais sûrement un exemple pour l’évolution sociale industrielle de ce nouveaux siècle.

Amsterdam et Anvers deviennent ainsi les pôles d’une revendication sociale qui s’étendra vers les autres secteurs, pour la première fois une revendication pour les 8 heures de travail à lieu simultanément dans les deux métropoles. Vu que nous sommes en récession pourquoi ne pas diminuer les heures de travail ? cette idée assez simpliste fera tache d’huile au courant du siècle, avec ses avantages mais aussi avec ses retombées économiques parfois néfastes.

Pourtant ce n’est pas une période de calme absolu, le De Beers manipule par le biais de manoeuvres boursières les prix du brut. D’autres part l’annonce de découvertes de nouvelles mines entraîne des spéculations, des fortunes vite engendrées sont aussi rapidement perdues. Ce début de siècle marque aussi le début de la politique de régularisation des prix et de l’approvisionnement de la De Beers. En première instance, elle diminua la production de quelques % vu que le secteur était « calme », ce qui entraîna un assainissement du négoce et aussi de l’industrie. Plus tard la De Beers diminuera temporairement sa production jusqu’à 25%.
Une autre philosophie vit lentement le jour : payons un salaire plus décent aux tailleurs afin qu’ils puissent épargner pour les périodes difficiles. Essayons d’éviter les périodes de hausses et de baisses, de leur côté le syndicat créer sa caisse d’allocation de chômage.

La semaine de 8 heures est décidée lors d’une réunion importante à Anvers, bien que les dirigeants du syndicat leur eussent démontré le bien fondé de leurs revendications, le patronat est mis devant un fait accompli. La presse se déchaîne contre cette action « anarchiste » et révolutionnaire qui va déséquilibre toute l’économie du pays. Les autres secteurs sont pris de panique.
Malheureusement pour le syndicat anversois ce sera la désillusion complète car leurs camardes d’Amsterdam, Saint Claude et des autres centres ne peuvent suivre le mouvement et l’action est provisoirement remise à une date ultérieure.